Johannes et Lucas van DOETECUM : La Kermesse de la Saint-Georges d'après Pieter BRUEGEL L’ANCIEN - c. 1559

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Prix : 32 000 €

Eau-forte et burin, 523 x 332 mm. New Hollstein (Pieter Bruegel the Elder) 42, 2e état/4 ; Orenstein 79.

Impression du 2e état (sur 4), l’adresse de Hieronymus Cock remplacée par celle de Paul de La Houve : Au Palais à Paris / Paules de la Houve excud. 1601. Avant l’inscription dans le ciel LA GRANDE FESTE DE NOSTRE VILLAGE, et d’autres inscriptions dans la planche.

Très belle épreuve, imprimée sur papier vergé filigrané (filigranes : grappe de raisin d’un côté de la feuille et cartouche vertical de l’autre). Très bon état général de cette grande feuille. Un petit manque de 5 x 15 mm dans le bord supérieur anciennement restauré avec discrète reprise des nuages à la plume ; petite déchirure de 10 mm dans le bas presque invisible, deux infimes trous de 2 mm anciennement restaurés ; quelques rousseurs principalement dans l’angle supérieur gauche, et trois plis verticaux dans le haut de la feuille. Petites traces brunâtres autour de l’inscription Au Palais à Paris, avec anciennes et discrètes petites retouches à l’encre. Filets de marge tout autour de la composition.

Provenance :

- Chevalier Joseph-Guillaume-Jean Camberlyn (1783-1861), sa marque imprimée au verso (Lugt 514). Cette épreuve figure au catalogue de sa vente après décès en 1865 (n°463 de la Première Partie, « Très-rare et superbe épreuve … »).

- Henry d’Allemagne (1863-1950), sa marque imprimée au verso : Mr Henry D’Allemagne 30, Rue des Mathurins, 30. PARIS, avec le numéro 49 (Lugt non décrit).

Paul de La Houve (vers 1575-après 1643) était éditeur, marchand d’estampes et de tableaux à Paris. « Il tient boutique au Palais, Galerie des Prisonniers, dont Suzanne Caron [sa femme, et la belle-sœur de Thomas de Leu] a jouissance depuis 1595 au moins. » (Dictionnaire des éditeurs d’estampes à Paris sous l’Ancien Régime, p. 185).

« La Kermesse de la Saint-Georges se situe dans la tradition des nombreuses estampes, souvent de grand format, montrant des fêtes paysannes, gravées par des artistes anversois dans les années 1550 et 1560 ». Nadine Orenstein remarque que l’injonction gravée sur la grande bannière "laet die boeren haer kermis houuen" [laissez les paysans faire leurs fêtes] reprend les derniers mots de la légende de la Kermesse paysanne gravée en 1559 par Pieter van der Borcht, son concurrent anversois. Bruegel se démarque toutefois de van der Borcht en traitant ce thème traditionnel avec plus de subtilité. Si le regard de Bruegel sur la fête paysanne paraît au premier abord plus bienveillant que celui de son concurrent, Nadine Orenstein attire notre attention sur deux personnages au premier plan qui suggèrent une lecture plus critique : « l’un est un homme qui semble se moquer des participants de la fête, car il regarde vers le spectateur, crie quelque chose à son compagnon et montre du doigt la scène qui se déroule devant eux. Plus parlante encore est la présence du fou, qui marche devant la charrette au premier plan et qui est suivi par plusieurs enfants. » (Orenstein, p. 196, traduit par nous).