ANONYME (attribué à Nicolo DELLA CASA (actif c. 1543-48) ou Nicolas BÉATRIZET (1507/15 - c. 1565))

Image HD

 

Prix : 22 000 €

Baccio Bandinelli dans son atelier - 1548

Burin, 420 x 310 mm. Nagler 1, Le Blanc 1, Davis cat. n°20.

Superbe épreuve imprimée sur papier vergé filigrané (trois tulipes dans un cercle surmonté d’une étoile à six branches (47 x 49 mm)). Bon état général. Une déchirure restaurée sur le bord gauche de l’image et une tache pâle dans l’angle inférieur droit ; petites salissures marginales. Petites marges tout autour de la composition (feuille : 437 x 330 mm).

Provenance : ancienne collection Félix Bouisset (1875-1960), Montauban (note manuscrite sur l’ancien montage).

« Ce burin est le plus rare et le moins connu de deux portraits de Bandinelli par Della Casa. Daté 1548, le Portrait de Baccio Bandinelli représente le sculpteur florentin sous une apparence plus jeune que son autre portrait dans son atelier. » (Davis, cat. n°20). L’autre portrait auquel Bruce Davis fait allusion représente le sculpteur, debout, à mi-corps, également entouré de statuettes (voir par exemple l’épreuve conservée au Rijksmuseum). Il est signé N.D.LA CASA F. Ces deux gravures reproduisent toutes deux des autoportraits de Baccio Bandinelli.

Le portrait de Baccio Bandinelli daté 1548 ne porte pas de signature en dehors de la mention d’édition A. S. Excudebat. Si Bruce Davis l’attribue à Nicolo della Casa, d’autres attributions ont également été avancées. Georg Kaspar Nagler et Charles Le Blanc considèrent qu’il s’agit d’une œuvre non seulement éditée mais aussi gravée par Antonio Salamanca. Erna Fiorentini et Raphael Rosenberg y voient plutôt l’œuvre de Nicolas Béatrizet. Adam Bartsch et Heinecken la citent comme pièce anonyme.

Le Saint Louis Art Museum (cote 205:2021) conserve l’unique épreuve connue d’une version en sens inverse de celle éditée par Salamanca, inachevée et anonyme. Erna Fiorentini et Raphael Rosenberg pensent qu’elle est de la main de della Casa et pourrait avoir servi de modèle à l’auteur de la version datée 1548.

Quel que soit l’auteur (ou les auteurs) des deux versions gravées de ce portrait en pied, Erna Fiorentini et Raphael Rosenberg remarquent qu’il s’agit « probablement du portrait gravé le plus monumental d’un artiste du seizième siècle » (Fiorentini et Rosenberg, p. 38). Rival de Michel-Ange et de Benvenuto Cellini, le sculpteur Baccio Bandinelli est une figure à la fois importante et controversée de la scène artistique florentine au milieu du 16e siècle. Giorgio Vasari lui a consacré l’une de ses Vies dans la seconde édition de 1568, mais il évoque déjà l’artiste et sa forte personnalité dans la première édition, publiée en 1550. Les différents autoportraits dessinés ou gravés de Baccio Bandinelli témoigneraient de ses efforts pour faire largement sa promotion. Dans la version de 1548, comme dans celle signée par Nicolo della Casa, Bandinelli pose fièrement, entouré de nombreuses statuettes et fragments de sculptures qui servaient également de modèles à ses élèves. Davis observe qu’il « est présenté comme un gentilhomme bien habillé plutôt que comme un artisan, une illustration de la promotion de l’artiste au seizième siècle au rang de courtisan aristocratique et intellectuel. » (Davis, cat. n°20).

Références : Bruce Davis, Mannerist Prints: International Style in the Sixteenth Century, 1988 ; Erna Fiorentini et Raphael Rosenberg, « Baccio Bandinelli’s Self-portrait » in Print Quarterly 19, nᵒ 1 (2002), p. 34‑44.