Jean CHARTIER : Vigilantia [La Vigilance]

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Burin, 175 x 121 mm. Robert-Dumesnil 5, Andresen 1, IFF p. 213, état non décrit.

Quatrième planche de la série de dix planches Les Blasons de vertus.

Impression d’un troisième état non décrit, le titre complété. Dans les descriptions de cette estampe par Robert-Dumesnil et par André Linzeler (Inventaire du Fonds Français), le titre gravé en pied est Vigill. Sur notre épreuve, ce titre a été corrigé au burin en Vigilantia (le haut du second l encore visible), ce qui constitue un 3e état (sur 3).

Très belle épreuve imprimée sur papier vergé filigrané. Le filigrane, difficile à lire, semble proche de Briquet 5374 et 5375 : trois croissants accompagnés du nom PERRET dans un cartouche. Ces deux filigranes, relevés par Briquet sur des papiers de Sens vers 1569 et 1571, proviennent selon lui de la papeterie de Mallay-Ie-Roy, près de Sens, que Claude Perret exploitait peu après 1559. Cette origine du papier et sa datation paraissent concorder avec la production d’estampes par Jean Chartier à Orléans entre 1557 et 1580. Ce filigrane est identique à celui de l’épreuve unique de Jean Chartier assis dans son atelier que nous avons vendue en 2021 au Rijksmuseum.

Condition : Épreuve très légèrement rognée de 0,5 mm en pied et d’1 mm en haut à gauche (en anglais : Impression slightly trimmed by 0.5 mm at bottom and 1 mm at top left. Un petit manque restauré de 7 x 6 mm dans l’angle inférieur droit avec petite retouche à l’aquarelle. Une petite trace jaunâtre très pâle.

De toute rareté.

Le titre donné à la série est celui de la première planche, qui lui sert de frontispice. On y voit Jean Chartier dans sa librairie, tenant une grande banderole où il est écrit : Symbola Virtutum nobis num grata ? Quid ipsi Virtutum fructus ? Les blasons de Vertu, par Vertu se surmonte. La planche est signée I. Chartier pinxit et située à Aureliae (Orléans). Séverine Lepape note : « Chartier se présente comme l’auteur de la série (pinxit) et indique le lieu de publication sans dire qu’il en est l’éditeur - comme pour suggérer que les mentions précédentes l’impliquent. » (« The Production of Prints in France at the Time of Hieronymus Cock », in Simiolus, vol. 39, n°3, p. 218, traduit par nous).

Les autres planches de la série sont La Vigilance (titre gravé Vigilantia), La Force (titre gravé fortitudo), La Justice, La Sagesse, La Prudence, La Tempérance (titre gravé Temperantia), La Patience (titre gravé Patient.), La Charité (titre gravé Pietas) et L’Abondance. Cynthia Burlingham observe qu’: « En omettant la Foi et l’Espérance, et en faisant une place à la Sagesse, l’Abondance, la Vigilance et la Patience, le groupe se démarque des sept vertus canoniques si répandues dans l’art de la Renaissance. Le mode de présentation évoque la tenace tradition médiévale française des vertus héraldiques, habituellement représentées par des femmes assises désignées par divers attributs. […] Les élégantes figures maniéristes de cette suite sont placées dans des paysages avec des ruines antiques […] ou assises dans des intérieurs dont les fenêtres donnent sur des paysages. Des livres sont souvent représentés, même s’ils ne font pas partie des attributs usuels du sujet, et rappellent la bibliothèque à l’arrière-plan du curieux auto-portrait de Chartier sur la page de titre de la suite. » (La Gravure française à la Renaissance, p. 393)

On retrouve en effet deux épais volumes dans Vigilantia : la jeune femme écrit dans l’un tandis qu’elle en lit un autre posé sur ses genoux. Cette activité studieuse reflète peut-être le premier sens latin de vigilantia donné par Félix Gaffiot : l’habitude de veiller, tandis que le chien qui monte la garde à la porte illustre parfaitement le sens figuré. Guy de Tervarent relève « au revers d’une médaille florentine, faite à la fin du XVe siècle, pour Robertus Macingius, un chien prêt à bondir [qui] se tient aux pieds de « Vigilantia » (Hill, n°984, pl. 161). » (Attributs et symboles dans l’art profane, 1997, p. 123) A l’arrière-plan, un homme armé monte la garde à l’entrée d’une enceinte fortifiée entourée de douves au bord desquelles est installé un pêcheur.