Pierre ROCHE : Portrait de Joris-Karl Huysmans - 1901

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Gypsographie, 226 x 149 mm. Massignon 4 (Partie II Catalogue des gypsographies, Section 8 Portraits).

Superbe épreuve imprimée en nuances de brun sur papier japon, annotée à la mine de plomb gypsographie, signée Pierre Roche et titrée « J. K. Huysmans » en bas à droite. Très bon état de conservation. Une petite épidermure dans la marge supérieure. Petites marges normales (feuille : 264 x 200 mm).

Rarissime : Louis Massignon indique un tirage à 3 exemplaires. L’un d’eux est reproduit en noir et blanc dans son catalogue.

Pierre Henry Ferdinand Massignon, sculpteur, peintre, graveur, médailleur et céramiste (dont le pseudonyme Pierre Roche était le nom de son grand-père) avait mis au point une technique : la gypsographie, une « nouvelle sculpture », disait-il, destinée à « joindre le métier du sculpteur à celui du graveur en couleurs pour retrouver par l’estampe quelque chose comme la polychromie antique ». (« La gypsographie et son avenir », in Pierre Roche - Estampes modelées et églomisations, p. 61 et sq.). La  gypsographie consistait à créer un moule, y poser des encres de couleurs et imprimer une épreuve par pression. « Le principe est simple », disait Pierre Roche, « la pratique l’est moins ». La fragilité et la porosité du plâtre employé pour la matrice exigeait en effet une encre spéciale et un tirage précautionneux : il fallait exercer une pression progressive et uniforme afin de ne pas briser le moule. « Mais - ajoutait Pierre Roche - comme il n’est guère de procédé qui ne tire de ses difficultés, voire de ses imperfections, une part de son intérêt, le grain du plâtre, sa souplesse relative et sa perméabilité donnèrent un caractère unique aux estampes ainsi obtenues […] ».

La gypsographie se caractérise par l’absence de trait : l’image naît uniquement des creux et des reliefs que le sculpteur-graveur doit patiemment imaginer lorsqu’il crée le moule. Chaque épreuve, imprimée à la main, est unique, et le tirage, par suite, est très restreint.

Ami intime de Joris-Karl Huysmans, Pierre Roche créa à sa demande le frontispice de son roman La Cathédrale, publié en 1898. Il sculpta la même année un buste de l’écrivain dont un exemplaire en plâtre fut aussitôt exposé au Salon. Le bronze, achevé deux ans plus tard, fut offert par Roche à Huysmans, qui le reçut avec enthousiasme. Cet exemplaire unique en bronze a été acheté en 2018 par le musée du Petit Palais. Il est présenté dans l’exposition consacrée à Pierre Roche qui se tient actuellement au Petit Palais, du 10 mars au 11 septembre 2022, « L’esprit Art Nouveau. La donation Pierre Roche au Petit Palais ». La notice en ligne de cette œuvre indique que « Pierre Roche, plus à l’aise dans les créations décoratives, ne s’est que peu intéressé au genre du portrait, qu’il n’a pratiqué que pour ses proches : ses portraits sont donc très rares. Dans ce domaine, le buste de Huysmans est incontestablement son chef-d’œuvre. Le portrait - extrêmement réaliste si l’on s’en rapporte aux photographies connues de Huysmans vers 1900 - est également très sensible et très vivant : l’expression du visage, à la fois pensive et animée, semble comme prise sur le vif, au détour d’une conversation amicale. Il faut également souligner, outre les qualités d’expression du buste, ses qualités d’exécution. Quand il reçut l’œuvre à Ligugé, Huysmans admira beaucoup la couleur de la patine. Pierre Roche, en artiste curieux et inventeur, s’intéressait en effet beaucoup aux jeux qu’offraient les différentes nuances de patine. »

La gypsographie du portrait de Huysmans, réalisée en 1901, témoigne du même souci de la nuance dans le choix d’un coloris propre à créer l’atmosphère propre à l’écrivain. Le profil, très proche de celui du buste, est complété par une ébauche de vêtement, et au-dessous, écrit en grandes capitales blanches, le verset 8 du Psaume 26 que Huysmans cite en exergue de La Cathédrale : « Domine, dilexi decorem domus tuae, et locum habitationis gloriae tuae. » [Seigneur, j’aime la beauté de ta demeure et le lieu où réside ta gloire].

Références : Louis Massignon : Pierre Roche - Estampes modelées et églomisations. Aquarelles estampées tirées sur plâtre, gypsographies encrées et tirées sur plâtre, gypsotypies tirées sur cuivre ou sur acier, églomisations sur verre, mica, papier, parchemin - catalogue de ses œuvres, 1935.