Jules CHADEL : Pie et guêpe - 1911

VENDU

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Gravure sur bois imprimée en couleurs à l’eau à la manière japonaise, 194 x 131 mm à la feuille. IFF 8.

Impression sans la planche de texte indiquant Les Amis de l'Art Japonais. Dîner le Mardi 9 Mai 1911.

Superbe épreuve imprimée sur papier japon. Parfait état de conservation.

Jules Chadel est avec Prosper-Alphonse Isaac l’un des graveurs qui réalisa le plus d’invitations pour les dîners de la Société des Amis de l’Art Japonais. Sa première illustration pour ces invitations date de 1909 et représente des chrysanthèmes se détachant en couleurs sur un fond blanc. Pie et guêpe, réalisée pour le dîner du 9 mai 1911, témoigne des progrès réalisés en deux ans par Chadel auprès de Prosper-Alphonse Isaac et du graveur japonais Yoshijirō Urushibara.

Le svastika d’Isaac, gravé en bas à gauche dans le sujet, n’est pas placé exactement au même endroit que sur l’une des épreuves conservées à la Bibliothèque nationale de France. Une autre épreuve de Pie et guêpe ne porte pas cette marque. Elle n’est donc pas solidaire de la matrice et ne doit donc pas être lue comme une signature mais comme une marque d’imprimeur. Philippe Le Stum l’explique dans le catalogue de l’exposition consacrée à l’artiste en 2015 : « A partir de 1911, la répartition des tâches nous apparaît plus clairement : Isaac marqua désormais ses propres travaux - ou ceux de confrères auxquels il prêtait la main - d’un svastika tourné vers la gauche (ou sauvastika), désignant ainsi son intervention en tant qu’imprimeur en couleurs et à l’eau, selon la méthode japonaise qu’il était l’un des seuls en France à maîtriser. La marque d’impression d’Isaac est ainsi visible sur des cartons créés par Chadel entre 1911 et 1914. »

Le sujet et la composition de Pie et guêpe témoignent de l’influence des estampes japonaises sur Chadel. L’animal guettant sa proie est en effet un thème traditionnel de l’art japonais. La composition est également caractéristique : le cadrage très serré autour de l’oiseau vu en contre-plongée, excluant tout élément extérieur à la scène, évoque avec force la tension de la pie qui fait lentement pivoter son corps pour préparer son attaque : notre regard épouse les diagonales des pattes, du corps et de la tête de la pie dont le bec, telle l’épée dans la main assurée d’un samouraï, fixe la guêpe qu’elle semble avoir déjà transpercée.

Références : Nature & Mouvement - Jules Chadel (1870-1941) - Dessins et gravures, catalogue collectif, 2015 ; Japon-Paris-Bretagne, la gravure sur bois en couleurs, catalogue de l’exposition au Musée départemental breton, Quimper, 2012, p. 21 (ill.)

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