Charles MERYON : L’Abside de Notre-Dame de Paris - 1854

meryon-abside

Prix : 12000 €

Eau-forte et pointe sèche, 150 x 289 mm (sujet), 165 x 298 mm (planche).

Burty 52 ; Delteil 38 IV/VIII ; Schneiderman 45 IV/IX

Impression du 4e état (sur 9) avant la suppression de la date et les reprises au burin des maisons à droite.

Superbe et rare épreuve imprimée en brun foncé sur un épais papier vergé ivoire filigrané (écusson et date 1852). Feuille : 320 x 465 mm.

Dans l’inventaire du fonds d’estampes de Meryon « constitué par le duc d’Aumale et légué par lui à l’Institut de France avec l’ensemble de ses collections pour former le Musée Condé de Chantilly », Antoine Cahen mentionne trois épreuves portant le filigrane 1852 Tourelle, rue de la Tixeranderie (S. 24 iii/v), épreuve imprimée en brun sur vergé (400 x 270 mm, filigrane : 1852) (inv. Est. 327) ; La Pompe Notre-Dame (S. 26 vii/x), épreuve imprimée en brun sur vergé (320 x 375 mm, filigrane : 1852) (inv. Est. 328) ; Le Pont-au-Change (S. 40 vi/xii), épreuve imprimée en brun sur vergé (320 x 488 mm, filigrane : 1852), annotée au verso « 1er état / et 1er état du ballon / N°48 », cachet «A.P.» (inv. Est. 324). (A. Cahen, Meryon at Chantilly, Print Quarterly, vol. 21, n°4, décembre 2004, p. 421-430).

L’Abside de Notre-Dame de Paris est la planche n°12 des Eaux-fortes sur Paris publiées par Meryon en trois livraisons entre 1852 et 1854.

Une feuille de petits croquis pour des détails de l’eau-forte appartenant à F. Seymour Haden et un dessin au crayon de L’Abside de Notre-Dame de Paris provenant de la collection de Jules Niel, prêté par le Rev. J. J. Heywood, figurent au catalogue Exhibition of a selection from the work of Charles Méryon, Burlington Fine Arts Club, 1879, n°69 et 70, p. 34.

Campbell Dodgson, conservateur des estampes et dessins au British Museum en 1921, écrivait que L’Abside de Notre-Dame de Paris est un « chef-d’œuvre célèbre à juste titre, payé plus cher aujourd’hui que n’importe quelle autre estampe excepté quelques gravures de Rembrandt. La composition de la planche, la lumière du ciel et de la façade latérale de la majestueuse cathédrale, la stature des tours et des toits pointus de Notre-Dame dominant les immeubles bordant la Seine, qui sont pourtant massifs mais paraissent insignifiants en comparaison, composent ensemble une image d’un charme et d’une dignité sans pareils. Combien est éloquent, de même, le contraste entre cette sublime architecture sur la berge opposée du fleuve et la scène misérable à l’avant-plan, où des tas de sable sont pelletés dans des charrettes et de modestes barques sont amarrées au quai. » (Campbell Dodgson, The Etchings of Charles Meryon, Geoffrey Holme, London, 1921, p. 18, traduit par nous.). Il oubliait les lavandières au bord de l’eau et le couple conversant sur le quai, dont la femme tient un bébé dans ses bras.

Loys Delteil partageait cette admiration pour L’Abside de Notre-Dame de Paris, qu’il disait être réputée comme le chef-d’œuvre de Meryon : « Des eaux-fortes de Meryon, l'Abside de Notre-Dame de Paris, l'Abside tout court pour les familiers de l'œuvre de Meryon, est la plus réputée dans le monde des amateurs de gravure, aussi bien en Amérique qu'en Angleterre ou en France. Cette pièce est prisée par rapport à son aimable aspect et pour l'harmonie de toutes ses parties, encore que le ciel soit, comme dans les autres eaux-fortes de Meryon, gravé avec une solidité qui ne messied d'ailleurs pas, en raison de la volonté qu'elle enserre, à l'ensemble de l'œuvre qui reste parfaitement homogène. » (L. Delteil, 1927, p. 21)

Meryon devait certainement avoir une vision moins harmonieuse et apaisée de son œuvre, comme le suggèrent les vers qu’il avait gravés sur une seconde plaque et qui étaient destinés à accompagner L’Abside de Notre-Dame de Paris : 0 toi dégustateur de tout morceau gothique/ Vois ici de Paris la noble basilique./ Nos Rois, grands dévots, ont voulu la bâtir / Pour témoigner au Maître un profond repentir./ Quoique bien grande, hélas ! on la dit trop petite,/ De nos moindres pécheurs pour contenir l'élite. (Delteil 39 ; Schneiderman 46).

Références : Campbell Dodgson, The Etchings of Charles Meryon, Geoffrey Holme,London, 1921 ; Exhibition of a selection from the work of Charles Méryon, Burlington Fine Arts Club, 1879 ; L. Delteil, Le Peintre-Graveur illustré, tome second, Meryon, Paris, 1907 ; L. Delteil, Meryon, Rieder, 1927 ; R.S. Schneiderman, Charles Meryon, The Catalogue Raisonné of the Prints, Garton & Co., London, 1990.

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