Suzanne VALADON : Ketty s’étirant - 1904

VENDU
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Vernis mou, 160 x 200 mm. Petrides E28.

Epreuve du premier tirage avant réduction du cuivre, exceptionnellement monotypée en brun et roux.

Cette épreuve est reproduite dans le catalogue Petrides, p. 360, fig. E28.

Superbe épreuve monotypée sur papier vélin épais, signée à la mine de plomb dans la marge inférieure. Au verso, une trace de pigments et deux grands chiffres avec dessous les initiales S.V.

Feuille : 248 x 295 mm.

Infime épidermure (due à une petite saute de pigment ?); marges insolées ; sinon en excellente condition.

Les épreuves du premier tirage ne sont pas numérotées. En 1929, quatre-vingt-quinze épreuves sont imprimées sur le cuivre réduit en hauteur (145 x 200 mm) pour l’édition de tête du numéro 2 de la revue Vers et Proses (1929).

Une épreuve est dite monotype lorsqu’elle est tirée sur une plaque non gravée où l’artiste a peint directement, de sorte qu’on ne peut pas imprimer une seconde épreuve identique. Notre épreuve est dite monotypée parce que Valadon a peint directement la couleur sur la plaque gravée de Ketty s’étirant : cette épreuve est donc unique.

Suzanne Valadon apprend la technique du vernis mou auprès de Degas vers 1895. Elle grave alors plusieurs plaques, dont Louise nue sur le canapé (1895), Catherine nue se coiffant (1895), Nue sur un divan (1896). Ketty s’étirant est l’un des premiers vernis mous qu’elle réalise lorsqu’elle recommence à graver à l’eau-forte et à la pointe sèche en 1904.

Les dessins et les gravures de Valadon représentent le plus souvent des jeunes femmes nues à leur toilette ou étendues dans un fauteuil ou sur un lit. Dans la plupart des cas, le modèle est représenté en entier, parfois accompagné d’un second personnage, une grand-mère s’occupant des objets de toilette. Ketty s’étirant est l’une de ses rares gravures montrant le corps du modèle en plan rapproché. Tandis qu’en général le dessin d’un nu fait valoir sa beauté, ici la composition exalte la plénitude et l’allégresse qui animent le visage et le corps de la jeune femme, ses yeux rêveurs, sa bouche entrouverte, ses bras blancs étirés, sa chevelure répandue et les rondeurs généreuses de son ventre et de ses seins.

Suzanne Valadon a imprimé une épreuve monotypée de plusieurs de ses vernis mous : Louise nue sur le canapé (1895), Catherine nue se coiffant (1895), Nue sur un divan (1896), Adèle préparant le tub et Ketty aux bras levés (1905), Catherine s’épongeant (1908). Malgré son petit format, la composition et la matière picturale de cette épreuve monotypée de Ketty s’étirant la rapprochent d’un tableau monochrome : le plan américain (à mi-cuisse) en diagonale et la perspective en plongée sur le corps nu, allongé sur le dos, un bras étendu l’autre étiré au-dessus de la tête, évoquent les grands nus allongés que Modigliani, proche de Valadon et ami d’Utrillo qu’il encourage, peindra une douzaine d’années plus tard, tel le Nu couché les bras ouverts (1917).