Théophile Alexandre STEINLEN : Femme nue assise, s’essuyant les pieds - 1902

VENDU

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Eau-forte, vernis mou, aquatinte sur zinc, 298 x 297 mm. De Crauzat 66, 2e état/2.

Très belle épreuve de l’état définitif, imprimée en couleurs au repérage à partir de deux planches sur papier vergé filigrané ARCHES, signée au crayon en bas à droite.

Marques d’oxydation dans les marges de la feuille ; léger pli diagonal dans l’angle inférieur droit ; très légère trace en forme de croix au-dessus de la jeune femme ; coup de planche fracturé au milieu en haut (consolidé par une bande au verso). Petites marges (368 x 325 mm).

Très rare eau-forte. De Crauzat distingue un 1er état avant divers ajouts (dont le tub dans l’angle inférieur gauche), imprimé à partir d’une seule des deux planches et tiré à quatre épreuves ; et un 2d  état, imprimé à partir des deux planches achevées, tiré selon lui à six épreuves en couleurs, numérotées de A à F et signées au crayon dans la marge. Il mentionne également deux épreuves d’essai, l’une en noir et l’autre en gris.

Notre épreuve, non numérotée, s’ajoute aux 6 épreuves en couleurs mentionnées par de Crauzat.

En 1898, lorsqu’il réalise ses premières gravures en taille-douce, Steinlen est un artiste montmartrois réputé pour ses lithographies. En mars 1902, il grave Femme nue assise, s’essuyant les pieds, une eau-forte en couleurs dont le modèle apparaît presque à l’identique dans trois autres œuvres réalisées la même année : deux gravures au vernis mou et à l’aquatinte, portant le même titre, réalisées en mai et juin (Crauzat 79 et 91) et un pastel intitulé Le Bain, où la jeune femme nue, assise sur la chaise basse, est dessinée en contrepartie. Dans ce pastel, Steinlen représente la chambre et son mobilier de manière plus réaliste : un lit en fer forgé avec sa couverture de laine, un papier peint à rayures décoré de fleurs, un tapis à motifs géométriques, une cuvette et son broc en faïence à décor fleuri. La jeune femme a la même position que dans l’eau-forte, le corps plié en deux, la tête penchée vers le sol. Si le dessin du corps est presque identique dans les deux œuvres, la technique et le style adopté par Steinlen dans l’eau-forte lui impriment cependant un mouvement très différent. Dans le pastel, la posture est statique : la jeune femme est occupée à se laver les pieds ; cette immobilité s’accorde avec la minutie apportée à la représentation du décor. Dans l’eau-forte, le corps est au contraire tendu et anguleux, comme cassé en deux, contraint par l’effort de la jeune femme pour s’essuyer les pieds ; et cet effort s’accorde avec la rusticité du décor et la rugosité du parquet. Le sujet de l’eau-forte n’est pas le même que celui du pastel : ce n’est pas seulement le thème de la femme à sa toilette, observée en vue plongeante, mais c’est le corps animé par l’effort, que Steinlen rend sensible en resserrant la composition et en abaissant la perspective à la hauteur du sujet.

Steinlen a tiré parti des différentes techniques de gravure (aquatinte, eau-forte, vernis mou) et de l’impression au repérage pour créer des effets à la fois proches du pastel et de la gravure en couleurs : l’aspect vaporeux de la chevelure, qui rappelle le pastel, s’oppose au fond plat et lisse obtenu par un encrage uni ; les nuances du corps sont créées à l’aquatinte, l’aspect rugueux du parquet est réalisé au vernis mou.

Nous savons que Steinlen a réalisé ses premières gravures en taille-douce en suivant les conseils de l’imprimeur Eugène Delâtre, spécialisé dans l’impression des eaux-fortes en couleurs. Femme nue assise, s’essuyant les pieds a très probablement été imprimée dans son atelier.

Image HD

 

 

 

Théophile Alexandre STEINLEN, Le Bain, 1902. Pastel. Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne. Acquisition 1936. ©Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.