Rodolphe BRESDIN : La Fuite en Égypte - 1855

VENDU

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Lithographie à la plume, 227 x 175 mm. Van Gelder 85 II-1/3, Préaud 46.

Impression du premier état de la pierre de report, imprimée sur chine blanc (232 x 178 mm) monté sur vélin fort (360 x 274 mm).

Superbe épreuve. Très bon état général de conservation, un infime accroc de 1 mm dans le noir au milieu en pied.

La chronologie des tirages de La Fuite en Égypte est mal connue. Nous pouvons seulement croiser les informations données par Dirk van Gelder, puis par Maxime Préaud et Arsène Bonafous-Murat.

Bresdin a d’abord dessiné La Fuite en Égypte sur une première pierre, dont on ne connaît à ce jour que 4 épreuves plus ou moins rognées (correspondant à l’épreuve 85 I reproduite dans le catalogue raisonné de Dirk van Gelder). Bresdin a ensuite reporté la lithographie sur une nouvelle pierre, réduit la largeur du sujet et éclairci le torrent et l’horizon (correspondant à l’épreuve 85 II-1).

Le trait d’encadrement a ensuite été renforcé (notamment en bas à gauche) et une lettre a été ajoutée dans la marge : litho Bertrand & Barthère Toulouse et Rodolphe Bresdin f (correspondant à l’épreuve 85 II-2). Le titre Ste FAMILLE apparaît dans la marge d’une épreuve. Sur d’autres épreuves le nom de Barthère a été effacé (correspondant à l’épreuve 85 II-3) et le titre aussi manque parfois.

Dirk Van Gelder suppose que tous les tirages datent des années 1855 à 1857. Il note que Bresdin monte à Paris en 1861, laissant la pierre à Toulouse, probablement chez l’imprimeur Bertrand. Il observe enfin que « parmi les rares exemplaires de cette lithographie […] on en trouve quelques-uns incomplets qui furent coupés par Rodolphine [Bresdin] […] coins coupés en bas, coins arrondis en haut ou partie supérieure complètement arrondie ».
Notre épreuve fait partie des très rares exemplaires du premier tirage (ou état) de la pierre de report.

Bresdin a gravé à de nombreuses reprises le sujet de la Sainte Famille et notamment l’épisode du Repos pendant la Fuite en Égypte, plaçant tour à tour ses personnages dans des paysages de rochers ou de forêt touffue. La Fuite en Égypte datant de 1855 est l’une de ses oeuvres les plus achevées. Sa composition générale, ainsi que de nombreux détails préfigurent Le Bon Samaritain, qu’il gravera en 1861.

Joseph, Marie et l’Enfant sont assis au bord d’une rivière, entourés de grands arbres dont les branchages compliqués se détachent sur un ciel nuageux ; à l’arrière-plan, un groupe de trois personnes (peut-être la Sainte Famille elle-même comme le suggère Van Gelder) se dirige vers une ville fortifiée au loin. On ne distingue pas encore ici la multitude d’animaux étranges qui peupleront les arbres géants du Bon Samaritain, mais, déjà, les branchages paraissent animés d’une vie propre qui répond au tumulte de la rivière ; et déjà, dans l’angle inférieur droit, les deux singes nous regardent.

Alcide Dusolier décrit longuement cette gravure dans un chapitre de Ceci n’est pas un livre (1860) intitulé « Le Maître au lapin ». Il admire chez Bresdin l’art de créer un effet mystérieux et féérique par un travail minutieux et réaliste et considère que le véritable sujet de la lithographie est l’arbre majestueux : « La Sainte Famille ne me semble ici qu’une enseigne : par elle le public est averti que l’artiste veut le frapper d’une impression mystique. Puisque ce n’est pas à l’aide des personnages eux-mêmes, comment et par quoi arrivera-t-il à produire cette impression ? Par l’arbre dont j’ai parlé, par ce chêne où le dessinateur a jeté tout un monde de poésie religieuse. »

Image HD